Il y a deux semaines je vous disais tout sur le soin de la peau et des cheveux à la japonaise suite à mon voyage de 15 jours au pays du soleil levant. Vous avez été nombreuses à demander la suite, et la voici aujourd’hui. Cette fois, nous allons évoquer deux autres volets tout aussi passionnants de la beauté made in Japan : le maquillage et l’hygiène.
Si vous n’avez pas lu le premier volet, je vous y incite fortement, non seulement parce qu’il a apparemment beaucoup plu à mes lectrices et lecteurs (merci pour ce véritable plébiscite, ça m’a touchée !), mais aussi parce qu’il contient quelques disclaimers importants à lire. Merci :-)
Les Japonaises et… le maquillage
Comme pour bien des choses au Japon, le maquillage rassemble lui aussi plusieurs valeurs essentielles dans cette culture : esthétique, sophistication et respect de l’autre.
Le teint
Côté soin du visage, vous êtes maintenant incollables sur le layering grâce au premier volet de ce billet. Vous savez aussi qu’une des raisons à l’origine de cette incroyable sophistication est le fait que la Japonaise ne veut pas montrer aux autres ses imperfections, brillances et taches brunes. Eh bien elle continue sur sa lancée au niveau du maquillage du teint.
Après l’application d’un écran UV, dernière étape du layering, vient le moment d’utiliser une base de teint. Sur ce segment, le choix est beaucoup plus large au Japon qu’en Occident. Toutes les marques de maquillage en possèdent au moins une dans leur gamme, et il en existe pour tous les types et conditions de peau. Et forcément, les marques s’amusent aussi à innover sur les packagings et les textures afin de séduire les consommatrices. Pour ma part, j’avais repéré la nouvelle Sherbet Base de Maquillage, non seulement pour son packaging plutôt sympa, mais aussi pour sa texture mousse craquante, fraîche et légère. Quand j’ai appris, grâce à l’excellent merchandising de la boutique Shiseido The Ginza, qu’elle était conçue pour les peaux mixtes, ni une ni deux, je l’ai mise dans mon panier ! Contrairement à nombre de bases ultra siliconées auxquelles on a à faire chez nous, la Sherbet Base est ultra aérienne, on la sent tout juste sur la peau – heureusement pour les Japonaises qui auront appliqué une dizaine de produits juste avant ! Elle a sensiblement amélioré la facilité d’application du fond de teint ainsi que sa tenue. En apportant une douceur pas du tout « plastique » contrairement aux bases siliconées. Je recommande chaudement !
Maintenant, il est temps de passer au fond de teint. Là, des particularités qu’on attend forcément : des textures plutôt légères pour convenir aux nombreuses femmes à peaux mixtes, des actifs soin adaptés aux besoins asiatiques (éclat, antitaches), un SPF élevé de rigueur et, bien sûr, des nuances spécifiques… qui ne conviennent pas du tout aux Occidentales ! Ca m’a d’ailleurs bien fait rire de voir des marques japonaises n’existant pas en Occident, qui montraient des mannequins occidentales blondes aux yeux bleus sensées porter leurs produits – foutaise ! La plupart des nuances sont soit trop claires, soit trop grises (pour contrebalancer la tonalité jaune). Bref, sauf exceptions (je pense à celles qui cultivent leur teint diaphane comme Sapphire), ce n’est pas au Japon que vous ferez le plein de fonds de teint. Surtout qu’il faut garder à l’esprit qu’en règle générale, un teint naturel n’est absolument pas la priorité des Japonaises : là-bas c’est l’unification avant tout, tant pis si on dirait que vous portez un masque. Pas pour nous, donc.
Bien sûr, il y a les BB Creams et je sais que vous attendiez ce paragraphe avec impatience. Pour celles qui sont en hibernation depuis quelques années, la tendance des BB Creams vient de la Corée et « BB » veut dire « Blemish Balm » et n’a rien à voir avec l’expression « peau de bébé ». Après avoir balayé le continent asiatique, elle est arrivée chez nous. Ce que je sentais gros comme une maison. Car depuis plusieurs années un très long topic sur les forums de Beauté-Test évoquait le sujet et rassemblait les témoignages de consommatrices ayant commandé ces produits directement sur des sites asiatiques (il s’était passé la même chose avec Lush deux ou trois ans avant l’ouverture de la première boutique française, pareil aussi avec le Clarisonic – bref, équipes de développement cosmétiques, fouinez sur ces forums et vous saurez, 3 ans à l’avance, ce qui va devenir énorme). Bref, la BB Cream est une sorte de « produit miracle » censé remplacer tout un tas de produits utilisés au quotidien par les Asiatiques, à savoir : soin hydratant, protection solaire, base de maquillage, fond de teint, correcteur, anticernes et poudre. En un mot, le graal du teint. Une flopée de marques coréennes et japonaises en propose, suivie par les marques occidentales qui ont décliné le concept dans leurs gammes spéciales Asie, et maintenant tout ça débarque en Europe. Les BB Creams européennes que j’ai testées (Garnier et 17) sont en fait des sortes de crèmes teintées un peu améliorées : plus légères que leurs concurrentes asiatiques (car nous avons tendance à fuir les couvrances trop importantes) et avec des teintes qui nous correspondent. La version d’Erborian s’approche un peu plus d’une vraie BB Cream, et je n’en attendais pas moins d’une marque qui se revendique d’inspiration coréenne (elle avait senti le bon filon des années à l’avance cette ex-L’Oréalienne !). Pour ma part, après avoir utilisé tous les testeurs d’un grand Matsumoto KiYoshi, j’ai jeté mon dévolu sur la BB Cream « Visée » de la marque Kosé : l’épaisseur de la texture est acceptable, et la teinte est la plus proche de ma carnation naturelle. Le résultat est pas mal en termes d’unification du teint, en revanche ce produit ne parvient pas à dompter ma zone T qui se met à briller aussi vite qu’avec n’importe quel autre produit. Et le blush est absolument obligatoire…
Le blush parlons-en rapidement d’ailleurs. Il s’agit d’un produit beaucoup plus populaire au Japon que dans nos contrées. La raison en est d’une logique implacable : sur un teint complètement uniforme, il est indispensable de sculpter son visage à l’aide de blush (mais aussi d’ombreurs et d’illuminateurs) sous peine de se retrouver avec un visage triste et sans relief façon fantôme. Les Japonaises misent de préférence sur des teintes claires et très irisées, qu’elles appliquent généreusement.
Les yeux
Si vous en êtes encore à penser qu’elles sont folles ces Japonaises qui se font débrider les yeux et se décolorent les tifs pour essayer de ressembler à des Occidentales, je vous invite à relire mon billet précédent. Mais je ne vous en voudrais pas, car, avant ce voyage au Japon qui m’a ouvert l’esprit sur une multitude de sujets dont celui-ci, je pensais mot pour mot la même chose.
Le maquillage des yeux continue sur cette lancée, en ayant pour but de les agrandir le plus possible. D’abord, la Japonaise va éviter les ombres à paupières foncées et mates, et va privilégier au contraire les teintes claires et irisées, afin d’ouvrir le regard et de donner du relief à des paupières plates de nature.
Autre chose qui l’ennuie sérieusement, ce sont ses cils courts et droits. Pour leur donner de l’intensité, elle va d’abord user et abuser de l’eye-liner. Je n’ai jamais vu un choix pareil en la matière : de tous formats (crayons, pinceaux, feutre, gel, crème, rechargeable…), de toutes les couleurs, à tous les prix, et avec des promesses de tenue ambitieuse.
La Japonaise va ensuite passer au mascara. Noir toujours, recourbant et allongeant forcément. Il s’agit d’un marché, comme chez nous, où la concurrence est féroce et la guerre à l’innovation fait rage. Les deux nouveautés très en vue pendant mon séjour étaient le nouveau mascara « Lashionista » de Maybelline et le dernier lancement de la marque Kate de Kanebo. J’ai acheté les deux et testé le premier, Lashionista : il s’agit d’un mascara à fibres dans la lignée du Cil Architecte 4D de L’Oréal Paris, avec un focus sur la longueur – et la longueur est au rendez-vous, de façon assez spectaculaire (mon fiancé a remarqué, c’est pour dire !). Le second est issu d’une marque dont j’adooore l’image, il s’agit de Kate : c’est la marque milieu de gamme de Kanebo, avec un imaginaire rock et dark aux visuels et packagings super léchés. Vous pouvez voir la publicité pour ce nouveau mascara ici et je reviendrai vous donner mes impressions quand je l’aurai testé sur ma page Facebook.
Pour terminer avec humour (petite précision pour les nouveaux arrivants : mon humour est volontairement exagéré et plutôt noir… normal, je suis une Marseillaise qui habite en Angleterre !) sur le sujet des yeux… Au mariage de nos amis à Tokyo, au moment d’une grande photo de groupe mélangeant une poignée d’Occidentaux et un régiment de Japonais, le photographe a bramé une instruction (ou plutôt un ordre) en Japonais, puis a traduit en Anglais « Ouvrez grands vos yeux ! ». J’ai trouvé ça un peu cruel car un tantinet contre nature… ça revient un peu à dire à des Pygmées « Faites-vous les plus grands possibles » ou à des Anglais « Ne terminez pas la soirée à vomir dans le caniveau ».
Les lèvres
Pour le coup, voici une catégorie de produits où l’idéal de beauté traditionnel (lèvres rouge vif) a l’air de ne plus trop être en vigueur.
Sur les lèvres, les Japonaises se contentent de nuances plus discrètes, du genre rose pâle, beige rosé. Des finis toujours irisés et brillants, jamais mats. Les gloss semblent très populaires, et les rouges à lèvres sont souvent dans des textures façon « Watershine », à la croisée des chemins entre le rouge, le gloss et le baume à lèvres. J’avais eu un gros coup de cœur pour la marque coréenne Skinfood et son Tomato Jelly Lip Tint, un baume teinté au résultat couleur intense et brillant !
Les ongles
Le Japon n’a pas échappé à la folie du « nail art ». Et ce qui est amusant, c’est que cela ne touche pas que les jeunes filles ! J’ai vu des femmes d’environ 50-60 ans arborant des ongles décorés de dégradés et strass. Côté couleur, on va soit vers des teintes très classiques tendance gamine (rose pâle irisé, le genre de couleurs qui n’est plus trop à la mode chez nous, thank God !), ou carrément vers les paillettes à gogo. Je n’ai pas l’impression que les teintes sourdes (du genre bleu canard grisé ou « greige ») aient obtenu les faveurs des consommatrices japonaises.
Beaucoup de marques proposent des gammes très grandes de vernis, souvent en tailles mini, tandis que d’autres sont spécialisées là-dedans avec une offre incroyable d’outils de nail art (strass, décalcomanies etc), d’instruments sophistiqués et de produits hyper pointus pour prendre soin de vos ongles. J’ai été particulièrement estomaquée de voir en vente grand public, tout le matériel pour se faire une manucure semi-permanente de type Shellac… à domicile ! J’étais à deux doigts d’acheter, puis me suis souvenue que je ne vais me faire faire une manucure Shellac qu’avant les départs en vacances. Si vous ne connaissez pas le Shellac, faites appel à l’ami Google et attention : vous risquez d’y devenir accro !
Plus classique mais aussi carrément plus enchanteur, c’est pour un simple vernis à ongles que j’ai craqué. Mais pas n’importe lequel : c’est un des nouveaux Anna Sui (photo chipée chez Planète-Beauté, thanks!), dont j’ai réussi à dégoter un beau rose flashy avec des paillettes à peine visibles. J’ai eu beaucoup de mal à ne pas craquer sur le reste des produits de maquillage de la marque, qui étaient vendu auprès d’une large et belle sélection de ses vêtements… mais, bon, je crois que cette époustouflante robe à 400€ (gloups) n’aurait pas été une super idée au cours d’un voyage déjà pas donné !
Les Japonaises et… l’hygiène
Après quelques jours au Japon, j’ai soumis à mon homme la réflexion suivante :
« On dirait qu’un beau jour, un groupe d’experts japonais se sont rendus en Occident afin d’observer les habitudes et façons de faire des habitants. Puis ils se sont concertés et ont décrété que chez eux, on ferait l’exact opposé. Par exemple, monter dans le bus par l’arrière, puis payer et sortir par l’avant. »
Et cela, conjugué à la sophistication et à la complexité d’à peu près tout ce que font les Japonais, ça donne un rituel d’hygiène complètement dépaysant que je vais vous raconter sans plus tarder, à la première personne afin de vous emmener avec moi.
Pour commencer, dans ma chambre d’hôtel comme partout dans l’enceinte de celui-ci, je ne suis ni en vêtements de ville ni en chaussures. J’ai revêtu le yukata, un habit d’intérieur à mi-chemin entre le kimono et le pyjama. Ce jour-là nous sommes dans la montagne, alors pour ne pas avoir froid j’ai enfilé une sorte de gilet par-dessus mon yukata pour me tenir chaud. J’ai quitté mes chaussures tout de suite après avoir franchi le seuil de la porte de ma chambre. A la place, je porte des mules, que je retire évidemment pour entrer dans la chambre elle-même dont le sol est recouvert de tatamis.
Dans ma chambre, il n’y a ni douche, ni baignoire. En revanche, j’ai un lavabo trop bas pour moi, qui m’oblige à me faire un tour de rein chaque fois que je me brosse les dents ou me lave le visage (eh oui, les Japonais sont plus petits que nous !). J’ai aussi des toilettes ultra-modernes comme on en trouve absolument partout au Japon. N’ayez pas peur de tous ces boutons, ce n’est pas si compliqué et plutôt agréable : un sert à chauffer la cuvette, histoire d’avoir les fesses au chaud (très agréables sur les sites touristiques en montagne !); les autres servent à contrôler la fonction « bidet », afin de vous laver après avoir fait ce que vous avez à faire – vous pouvez même régler la pression selon vos goûts. Intimidant au départ… mais au bout de quelques utilisations, on se demande pourquoi nous n’avons pas la même chose chez nous (je suis en train de convaincre mon homme d’installer des toilettes japonais dans la salle de bain de l’appart que nous achèterons peut-être un jour).
Pour me laver, donc, je dois me rendre au bain. Il y en a deux, un pour les hommes, un pour les femmes. Et heureusement. Car une fois que j’ai passé l’antichambre où je range mes affaires (en bonne Marseillaise, je panique chaque fois qu’il me faut laisser mes effets personnels dans un endroit sans porte blindée ni cadenas… mais je me relaxe, nous sommes au Japon !), c’est complètement nue qu’il me faut entrer au bain.
La salle est grande et humide, il y a de la vapeur qui m’empêche d’y voir clair. La première partie de la salle est constituée de petites murettes au-dessus desquelles on trouve un alignement de miroirs, pommeaux de douches et grands robinets. Il y a aussi du gel douche, du shampooing et de l’après-shampooing. J’observe autour de moi et comprends que j’ai oublié quelque chose : dans un coin de la salle, il me faut aller emprunter un petit tabouret en plastique très bas, ainsi qu’une petite bassine. Je regarde discrètement faire les Japonaises et saisis rapidement le concept : il faut placer le tabouret face au miroir, s’y installer puis se laver assise. Pour l’instant, il me faut simplement me rincer et me frotter. J’alterne l’utilisation du pommeau de douche et de la bassine que je remplis avec le robinet, j’aime bien le côté traditionnel de cette dernière. Une fois cette première étape achevée, je peux passer à la deuxième partie de la salle : les bains.
Heureusement, je m’étais renseignée auparavant et n’ai pas commis l’affreux impair de me jeter dans le bain AVANT de m’être frottée et rincée ! Retenez ce rituel au cas où vous vous rendez au Japon, au risque de vous faire passer pour une malotrue occidentale (sans doute un oxymore pour les Japonais…) qui s’apprête à macérer dans sa propre saleté et à infliger la même chose à ses camarades de bain !
Bref, maintenant, il est temps de me rendre dans la baignoire, que je partage avec quelques autres femmes. Et vous avez bien suivi, aucune de nous n’a enfilé son maillot de bain entre temps : nous sommes toutes nues. Personnellement ça ne m’a pas du tout dérangée car j’avais fait un sauna en Suède (même pas le droit de porter une serviette autour de la taille !) puis une séance à la piscine en Islande (la douche à poil est obligatoire et on vous montre un schéma pour vous expliquer où vous savonner avant de faire trempette) plus tôt cette année. Bref, je me prélasse sans me soucier de ces considérations et, de toute façon, personne ne s’examine. Vous imaginez la même scène à Paris ? Je parie que les nanas essaieraient de deviner la marque de votre institut de beauté à la forme de votre épilation du maillot ! Au Japon, la nudité, tant qu’elle conserve une certaine pudeur, est plutôt un symbole de pureté, de retour aux sources.
Dans cet hôtel, il y a deux piscines : une très chaude et grande, une plus petite et… très très très chaude ! Après avoir profité des deux, je retourne à la salle aux miroirs. Je reprends un tabouret et une bassine, et, cette fois, c’est le moment d’utiliser gel douche, shampooing et après-shampooing.
Une fois triplement lavée puis séchée, j’enfile de nouveau mon yukata, mon gilet et mes mules et je peux vous garantir qu’après un rituel alliant calme, chaleur et relaxation, je m’apprête à m’endormir comme un bébé !
Alors, que pensez-vous de ce rituel ? Vous paraît-il logique, mais simplement avec une logique différente de la nôtre ? Le mettriez-vous en place en France si vous étiez nommé(e) Ministre de la Beauté et du Bain ? Ou le trouvez-vous bien trop compliqué ?
Bonus track pour celles et ceux qui sont encore là : 2 gadgets fous pour vraiment se la jouer occidentale
Vous l’avez compris puisque je l’ai évoqué plusieurs fois au cours de ces deux billets sur le Japon : une partie des femmes, et en particulier les jeunes filles, font parfois un peu tout et n’importe quoi pour ressembler aux Occidentales. Vous avez entendu parler du débridage des yeux par chirurgie, je vous ai tout raconté sur les coiffures et le maquillage des yeux… Mais là je propose de mettre l’accent sur deux pratiques en particulier, qui m’ont beaucoup amusée.
La première, je la connaissais avant mon départ suite à un lien collé quelque part sur Internet. Il s’agit de la colle à paupières. Oui, oui, vous avez bien lu ! Ce type de produits est vendu au rayon maquillage des yeux, entre les eyeliners et les faux-cils. Il s’agit d’une colle que vous appliquez sur vos paupières. Ensuite, à l’aide d’un petit appareil en plastique, vous « enfoncez » vos yeux dans leurs orbites. Le résultat est un air perpétuellement étonné, sans doute ce qu’il fallait pour exaucer les vœux du photographe…
La seconde, je l’ai découverte lorsque nous nous sommes baladées dans un immeuble de jeux vidéo. Oui oui, un immeuble : plusieurs étages dédiés au 8ème art, avec les jeux à grues de fêtes foraines au rez-de-chaussée, ceux de baston au 1er, etc. Au tout dernier étage, un panneau annonce : réservé aux filles, ou alors aux garçons accompagnant des filles. J’ai forcément été intriguée, songeant tour à tout à des jeux mettant en scène des lesbiennes, ou bien des simulateurs de salons de coiffures ou encore une section dédiée à Barbie. En lieu et place de tout cela, nous nous sommes retrouvés dans une pièce remplie de cabines ressemblant à des photomatons surdimensionnés. Sur les rideaux, figuraient des visages de filles asiatiques très occidentalisés : cheveux blond vénitien ornés d’anglaises, teint de porcelaine, et surtout yeux pas du tout proportionnels au reste du visage, genre grands comme trois fois les miens. Après avoir fait le tour et avoir croisé plusieurs salles de ce genre au cours de nos balades dans divers établissements de jeux vidéo à travers le pays, j’ai compris de quoi il s’agissait.
Il s’agit de cabines photos, dont l’image est photoshoppée à mort avant la sortie des clichés. Car après avoir mis deux jolies Japonaises avec leurs cheveux bruns et lisses là-dedans, les photos qui en sortent montrent une représentation complètement déformée de ces filles, avec, comme promis sur les visuels des rideaux, des cheveux blond vénitien, un teint de porcelaine et des yeux grands comme des soucoupes. Je me suis amusée à imaginer ce qu’on peut faire avec cette photo une fois qu’on l’a : la coller dans son journal intime ? la garder dans son portefeuille en souvenir d’une soirée amusante avec sa meilleure amie ? la scanner et l’utiliser en photo de profil sur le Meetic japonais ? Je n’ai pu poser la question aux jeunes filles, mais, une chose est sûre, elles avaient l’air de bien s’amuser… et moi, médusée, je les observais… les yeux grands comme des soucoupes.