Si je ne connaissais absolument rien au Japon avant d’y aller (compte-rendu beauté ici puis là), la situation est un peu différente vis-à-vis de l’Italie. C’est un pays dont j’ai étudié la langue de la classe de 2nde jusqu’à ma Maîtrise (M1 pour les plus jeunes) de Langues Etrangères Appliquées : grammaire approfondie, histoire économique et politique du pays, traduction spécialisée… tout ça c’était bien gentil mais n’agissait que sur mon niveau à l’écrit, qui, avec tout ça, était loin d’être mauvais. Mais côté oral, je ramais.
Alors j’ai décidé de partir en stage en Italie, au printemps 2005, pour deux mois. Avant mon arrivée, j’appréhendais, mais tentais de me rassurer en me répétant le mantra suivant : « Au début, si tu galères trop en Italien, tu communiqueras avec les gens en Anglais puis iras vers l’Italien petit à petit ». Grossière erreur : en Italie, comme en France, le niveau d’Anglais de la population générale (je dis bien GENERALE, je ne parle pas des élèves de la Bocconi – l’HEC italien) est, appelons un chat un chat… proche du zéro parfait. D’autant que je n’étais ni à Milan ni à Florence – j’étais à Tivoli, ville moyenne à une trentaine de kilomètres de Rome. Quand je repense à mon « mantra », encore aujourd’hui, ma naïveté me fait pouffer de rire.
Rassurez-vous, forcée de m’y mettre, j’ai amélioré mon niveau à la vitesse grand V. Je me suis fait une floppée d’amis avec lesquels je suis toujours en contact 7 ans après et les vois une fois par an. La proximité avec de vrais Italiens, pendant mes 2 mois en immersion intensive et mes visites régulières, m’a donné l’occasion de fouiner dans les salles de bains de nos cousins transalpins, d’arpenter les rayons de leurs parfumeries et de leurs grandes surfaces, d’échanger avec eux sur leurs rituels de beauté… Voici donc le fruit de mes observations – je ne prétends pas à ce que mes propos s’appliquent à tous les Italiens, alors si vous avez vu ou vécu des choses différentes n’hésitez pas à partager en commentaires !
Les Italiennes et… l’hygiène
A l’époque où j’ai effectué mon stage, la mode en France était aux produits gourmands – souvenez-vous du lancement de la gamme Miss Milkie de la marque italienne Pupa justement. Eh bien cette tendance constitue un véritable segment à lui tout seul au rayon hygiène, encore aujourd’hui. Des marques comme Pupa et Aquolina (allez sur leur site officiel, cliquez sur le menu « Collezioni – Linea Classica »… prêts ? bavez !) en parfumeries, et Vidal par exemple en grandes surfaces. Les parfums populaires sont la vanille, le miel, le sucre (sucre glace, barbapapa), les fruits jaunes ainsi que les fruits des bois souvent associés au musc.
Côté pratiques, le bain est beaucoup plus populaire qu’en France. En grandes surfaces, autant d’espace est dédié aux gels douche qu’aux produits de bain (bains moussants, bains / douche). Je suppose que cela contribue au succès de la marque Lush en Italie (il y a beaucoup de points de vente, depuis longtemps) où les « ballistics » doivent avoir pas mal de succès. Les marques ci-dessus ont naturellement une gamme de bains moussants, mais d’autres se font aussi remarquer sur ce segment, comme la gamme Felce Azzura de Paglieri (très traditionnelle, mes beaux-grands-parents italiens ne juraient que par ça !), Tesori d’Oriente (parfums « orientaux » très lourds du genre patchouli etc) et bien d’autres. Les accessoires de bain sont aussi très prisés : éponges, brosses etc ont le vent en poupe.
Hors de la salle de bain, les Italiens ont conservé une délicieuse pratique héritée de leurs glorieux ancêtres Romains : les thermes. Ca, c’est mon régal (enfin, le second après la nourriture!) et j’essaie d’y aller à chacune de mes visites. Le pays est riche en eaux aux compositions chimiques intéressantes, par conséquent on trouve toutes sortes de termes : naturels (donc gratuits, mais il faut connaître), façon piscines (bien pour les familles avec enfants), ou dans le cadre d’un hôtel ou d’un spa.
Dans la première catégorie, j’ai eu un gros coup de cœur pour les Terme di Saturnia près de Grossetto : c’est roots et ça sent le soufre, mais c’est gratuit et vous ne pourrez pas faire plus authentique.
Dans la seconde, je suis allée le mois dernier aux Terme di Cretone dans l’arrière-pays romain : il y a plusieurs piscines et des jets plus ou moins concentrés en soufre (le plus concentré pique un peu la peau, ça donne une sensation de pétillement assez particulière), plein d’espace pour s’allonger et s’amuser en famille, et l’entrée est à prix très raisonnable.
Enfin, dans le genre spa, j’ai testé, le mois dernier également, les Terme di Lurisia situées dans le Piémont. C’est petit et assez cher, mais ce n’est pas un lieu où tout le monde se baigne en même temps : à Lurisia, vous avez un créneau juste pour vous et les personnes qui vous accompagnent. Des soins thermaux et esthétiques y sont également proposés. Goûtez aux boissons produites avec l’eau de Lurisia, notamment leur limonade « La Nostra Gazzosa »…
Les Italiennes et… leurs cheveux
Quand on ne connaît pas l’Italie, on s’imagine qu’il s’agit d’un pays ensoleillé toute l’année, où les filles sont brunes à la peau mate – en gros, on croit que c’est la Provence qui s’étale sur tout un pays.
Eh bien non, ce n’est vraiment pas le cas ! En Italie, la division nord-sud cumule tous les clivages : culturels, économique, politique, climatique… Si, à partir de Rome (que les Romains et les gens plus au sud appellent « centre », et que les gens du nord appellent déjà « sud »), on a effectivement à faire à un climat méditerranéen, avec une population fréquemment brune à peau mate et yeux foncés, il n’en va pas de même au nord. Car n’oubliez pas qu’une bonne partie du nord est montagneuse (même en Toscane, ça caille l’hiver !), et que ses voisins sont l’Autriche, la Suisse et la Slovénie par exemple. Par conséquent, on retrouve dans ces régions une certaine proportion de phénotypes plus clairs avec cheveux châtains à blonds et yeux bleu / vert.
Mais même au sud – et je dirais même : encore plus au sud – on a ce culte archaïque de la blonde pulpeuse, comme dans le Hollywood du siècle dernier. Du coup, quand on allume la télé italienne, on a l’impression d’avoir atterri sur une chaîne suédoise : toutes les présentatrices sont blondes. Mais à y regarder de plus près, on reconnaît les touches made in Italy : bouche pulpeuse (souvent refaite), cheveux de paille (car décolorés à répétition), seins proéminents. Particulièrement présent sur les chaînes possédées par Berlusconi (je vous conseille de lire l’article de Télérama sur le sujet), ce modèle de beauté reste également ancré partout ailleurs.
Logiquement, il faut bien entretenir toutes ces décolorations. Les marques de L’Oréal, que ce soit en grande distribution (Fructis notamment mais aussi UltraDolce [UltraDoux] ou Elvive [Elsève]) ou en circuit professionnel (L’Oréal Professionnel, Kérastase), ont pignon sur rue. Des marques italiennes plus confidentielles comme Davines tentent de faire leur trou tandis que d’autres marques internationales plus puissantes comme Schwarzkopf (qui a récemment traduit son nom en « Testanera » pour mieux plaire aux locaux), Pantene ou Sunsilk se partagent le reste du gâteau.
Les Italiennes et… le soin de la peau
Je n’ai pas de chiffres et je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que les Italiennes ne prennent pas beaucoup soin de leur peau. Les rayons soin des parfumeries (Limoni, BeautyPoint…) et des grands magasins (Coin, La Rinascente…) ne sont pas hyper fournis en la matière. Les grandes marques internationales sont naturellement présentes, et j’ai remarqué une importance étonamment plus grande que chez nous de griffes comme Orlane, Institut Arnaud (vendu beaucoup plus cher qu’en France) ou Gatineau par exemple. Côté marques italiennes, la plus importante est Collistar, qui remporte un franc succès. Elle est également présente dans la catégorie maquillage. Je n’ai jamais essayé cette marque donc je ne peux pas vous en dire plus.
A prix plus doux, les Italiennes ont beaucoup d’affection pour leurs basiques locaux, comme Cera di Cupra et Leocrema. La première a été lancée dans les années 1950 et a pour ingrédient star la cire d’abeille. J’en ai vu dans toutes les salles de bains italiennes que j’ai fréquentées, c’est dire la popularité de ce produit ! Il s’agit d’une crème blanche, toute simple, qui sent un peu le miel et qui est un produit à tout faire, au prix raisonnable : un pot de 100 ml se vend à 8€ environ. On lui prête des vertus réparatrice et anti-âge. La seconde, Leocrema, marque créée il y a une soixantaine d’années, est tout simplement le Nivea italien. Leurs meilleures ventes, ce sont leurs gros pots de crème multi-usages à la vitamine E et au germe de blé : la basique est bleue (ça ne vous rappelle rien ?) et une version à la papaye a récemment été lancée (3€ le pot).
Côté soins plaisir, je vous conseille chaudement de vous rendre dans deux chaînes : Bottega Verde et L’Erbolario. Les deux sont présentes dans la plupart des grandes villes et proposent des produits à base d’ingrédients naturels (mais pas entièrement naturels) classés par senteurs. Je ne vous conseille pas forcément d’y renouveler votre crème anti-âge, mais plutôt d’aller vous offrir quelques crèmes pour le corps et gels douche. Chez Bottega Verde, les prix sont vraiment raisonnables et, comme chez Yves Rocher, il y a des promos tout le temps. Et avec tous les parfums proposés (fleur d’oranger, frangipanier, violette, vanille…) vous trouverez sûrement votre bonheur.
L’Erbolario, plus haut de gamme, propose des produits aux packagings plus sophistiqués, avec un côté un peu nostalgique et traditionnel – c’est une sorte de Crabtree & Evelyn ou de Neal’s Yard Remedies italien. A côté des produits de soin, ils ont aussi une très belle gamme de senteurs pour la maison (bougies, capillina, parfums d’ambiance…) – j’ai failli craquer sur celle aux fruits de la passion avant de me rappeler du nombre de bougies que j’ai déjà chez moi…
Pour les amatrices de naturel, je vous recommande fortement d’aller faire un tour chez Eataly. Cette chaîne, présente dans plusieurs grandes villes comme Rome, Milan ou Turin, est dédiée à la gastronomie italienne. Sur plusieurs étages Eataly propose produits alimentaires (de producteurs locaux triés sur le volet), mini-restos à thème (j’aurais pu prendre un abonnemment au « mozza-charcuteries »), librairie, cours de cuisine italienne et… cosmétiques naturels italiens. Savons au citron de la côte amalfitaine, lotion tonique à l’orange amère… C’est assez cher, mais ça vous permettra de conjuguer local et 100% naturel.
Un dernier point sur le « soin » de la peau… Les Italiennes adorent être bronzées. Quand elles sont du Nord, elles aimeraient avoir la peau dorée comme les filles du Sud. Quand elles sont du Sud, elles font le concours de celle qui sera la plus noire. Tristes conséquences : les solariums sont légion, même dans le Sud, et de nombreuses marques locales proposent graisses à traire, huiles à FPS très bas et autres horreurs. Pour la petite histoire, c’est après 7 années de rabâchage intensif que j’ai convaincu mon pote Giuseppe d’arrêter de fréquenter le solarium – une petite victoire personnelle envers une personne qui m’est chère…
Les Italiennes et… le maquillage
Les marques italiennes les plus populaires sont Kiko (que vous connaissez sans doute déjà), Collistar et Pupa. Cette dernière, en Italie, ne propose pas seulement les jolies palettes que nous avons en France, mais commercialise également de nombreuses références de teintes individuelles. J’ai testé les produits de copines italiennes et, oui, c’est une qualité honnête, mais à mon avis il n’y a pas de quoi s’en relever la nuit. Quant à Collistar, ses collections de couleurs sont d’élégance plus qu’inégale – je vous laisse découvrir le visuel de la collection printemps-été 2012.
De façon générale, il y a à mon sens trois écoles en Italie. La première fait l’apologie du nude : peu de maquillage, utilisation de teintes beige / marron, lèvres nues ou à peine glossées. La seconde, favorisée par pas mal de filles du sud, consiste à mettre l’accent sur les yeux, un peu à l’orientale : la bouche reste naturelle, le teint rehaussé à la poudre de soleil, les cils ultra-chargés en mascara noir et les yeux cerclés d’eye-liner et/ou de khôl noir eux aussi, le tout associé à des ongles beige discret, rouge femme fatale ou marron… démodé. Ce look, souvent associé à des cheveux sombres façon fille du sud de l’Italie (quitte à les teindre pour accentuer l’effet), est par exemple celui qu’arbore la célèbre chanteuse Laura Pausini. Enfin, la troisième, que j’appellerais « Desigual/Picasso » regroupe toutes ces nanas qui aiment les couleurs à outrance mais qui ne savent juste pas s’en servir ; ainsi, j’ai vu beaucoup de grands aplats bleu ou vert (non estompés bien sûr) sur les paupières, de lèvres rose vif, le tout avec un teint pas net (les Italiens fument encore plus que les Français). Bien sûr que j’ai vu quelques filles qui savent allier maquillage haut en couleur et élégance, mais, comme en France, ce n’est pas la majorité – malheureusement pour nos yeux.
Les Italiennes et… le parfum
Dans les classes moyennes à populaires, j’ai l’impression qu’on n’utilise pas de parfums de grandes marques aussi systématiquement et religieusement qu’en France. Je me souviens avoir offert à la maman de mon ami un flacon d’Ô de Lancôme pour la remercier de sa gentillesse, et l’avoir revu, très peu utilisé, un an après : « Je l’utilise pour les occasions », m’a-t-elle humblement expliqué. Et si les marques françaises comme Chanel ou Thierry Mugler rencontrent un franc succès, là encore, les consommatrices italiennes privilégient volontiers les marques de chez elles, souvent des licences de couturiers quasi inconnus de notre côté des Alpes. Les parfums Dolce & Gabbana, Gucci, Versace, Ferragamo, Bottega Veneta ou Prada ne sont en effet pas les seules marques d’origine italienne qu’elles achètent : on trouve aussi des marques comme Laura Biagiotti (très populaire) ou Gai Mattiolo.
En dehors des femmes d’un certain âge ou des classes plus aisées, les Italiennes apprécient, comme en hygiène, les parfums simples et gourmands. Là encore, on retrouve les fruits des bois. Un accord très apprécié est mûre & musc, que l’on rencontre chez toutes les marques de parfums de grande distribution. Le musc tout seul est également prisé, et on le retrouve aussi dans une grande variété de produits d’hygiène, notamment les savons liquides pour les mains qui sont, dans 60% des cas, parfumés avec cet ingrédient.
J’espère que cet aperçu de la beauté made in Italy vous a plu. Le prochain billet de cette série sera vraisemblablement consacré à la Scandinavie – stay tuned !