J’avais toujours entendu dire que les new-yorkaises mettaient un point d’honneur à être tout le temps au top niveau beauté: brushing soigné, peau dorée (pas envie de savoir par quel moyen), manucure parfaite.
Et quand je me suis rendue dans cette ville pour la deuxième fois, en 2008, j’ai compris comment elles faisaient, du moins pour les ongles : à tous les coins de rue, dans différents quartiers, il y avait des petits salons de manucures, souvent tenus par du personnel d’origine asiatique, proposant des tarifs démentiels – 10$ la manucure simple, soit environ 8€ !
Rentrée à Paris, je regarde autour de moi : les instituts de quartier, tout comme ceux des chaines de parfumeries, proposaient des tarifs tournant autour des 25€, soit le triple des prix vus à New York. Paradoxal quand on sait qu’en moyenne, le coût de la vie (loyers notamment) est considerablement plus élevé dans la grosse pomme que dans la capitale francaise. Même une fois la crise bien installée, je ne vois toujours pas de petits salons bon marché apparaître en France. Mais pendant ce temps, aux Etats-Unis, le chiffre d’affaire de cette industrie augmente à une vitesse folle: de 5,4 milliards de dollars en 2007, il bondit à 6,3 en 2008 et les projections pour 2012 tournent autour de 7,3 milliards de dollars (source: Nails Magazine US)!
Quelle n’est pas ma surprise en constatant, à mon installation à Londres, l’existence d’un salon de ce type en bas de chez moi à Fulham (sud-ouest) ! L’enseigne affiche fièrement le nom USA Nails avec une image de drapeau américain; à l’intérieur, une demi-douzaine d’employés, tous d’origine asiatique, s’affairent – j’ai presque l’impression d’être à New York! Je suis en recherche d’emploi à l’époque, et cela concorde avec un des étés les plus chauds qu’ait connu le Royaume-Uni avec des pics à… 25 degrés, haha (sans doute le pays a-t-il voulu fêter l’arrivee d’une Marseillaise sur son territoire… !) – un temps idéal pour afficher ses ongles de mains et de pieds ornés de couleurs vitaminées. Alors après avoir epuisé les offres d’emploi pertinentes de la journée, je me balade dans mon nouveau quartier : en passant devant USA Nails, je constate que le salon ne desemplit pas, et les clientes qui en sortent ont l’air contentes de leurs ongles peints de couleurs estivales.
Alors je decide de franchir la porte, d’abord pour me renseigner sur les tarifs. Un panneau les affiche très clairement et en gros : « Basic manucure : £10 ». Je crois halluciner alors je demande quand même : oui oui, c’est bien £10. Alors je décide de prendre rendez-vous, bien que j’aie également la possibilite de venir sans.
Je reviens donc le lendemain. On me demande d’aller choisir ma couleur de vernis puis d’attendre sur un des sièges à l’entrée. Je suis surprise par la sélection offerte : dans un salon pas cher comme ca, je m’attendais à des marques de seconde zone. Or c’est à une collection de O.P.I, Essie et autres China Glaze que j’ai à faire ! Je jette mon devolu sur un rouge vif signé O.P.I – je n’avais jamais testé cette marque mythique, alors c’était l’occasion.
A £10 la manucure basique, il ne faut pas s’attendre à un decor de spa de luxe. Le lieu est propre, simplissime, assez dense entre les tables à manucures, les sièges massants à pedicures, les employés et les clientes. Les employés parlent un Anglais basique quoique largement compréhensible. Et c’est d’ailleurs suffisant : à part decrire la forme de l’ongle avant le limage, et dire ‘ouch’ (eh oui, même ça il faut le dire en Anglais – « aïe » se comprendrait « I » et entraînerait un « You what? ») si l’employée s’acharne un peu trop sur les cuticules, la conversation restera assez limitée. L’employée qui m’appelle à sa ‘table’ est d’ailleurs très pro : originaire d’Asie du Sud-Est (je crois reconnaitre une langue de type Thai / Cambodgien) comme le reste de ses collègues, elle est souriante (elle me complimente poliment sur la couleur que j’ai choisie), rapide et efficace.
Une fois installée, s’ensuit une manucure classique. D’abord, trempage des mains dans des ‘bols’ en plastique remplis d’eau tiède. Puis travail des cuticules : d’abord la manucure repousse ce qui peut être repoussé à l’aide d’un outil en acier, puis, à l’aide d’un coupe-cuticules préalablement désinfecté, coupe ceux qui dépassent – mais je suppose qu’on peut demander à la manucure de simplement les repousser et de ne rien couper.
Vient ensuite le limage – attention, si vous ne précisez pas la forme que vous souhaitez, vous risquez de finir avec des ongles carrés par defaut… ce qui m’est arrivé lors de cette premiere visite. Manque de bol, je porte toujours les ongles arrondis. La manucure polit ensuite mes ongles.
Apres ces deux étapes ‘abrasives’ et donc pas toujours des plus agréables, la manucure applique un lait hydratant O.P.I sur mes mains et mes avant-bras, et m’offre un petit massage rapide mais agréable. On m’envoie ensuite me laver et sécher les mains pour passer aux choses serieuses : la couleur !
Je suis impressionnée par la rapidité d’application du base coat, des deux couches de vernis et enfin du top coat. Quand un produit est appliqée sur une main, la manucure m’invite à la présenter devant un ventilateur miniature fixé à un angle de sa table pendant qu’elle s’affaire sur mon autre main.
Je remarque trois choses qui vont m’aider à ameliorer mes manucures maison. Primo, elle n’applique jamais de vernis jusqu’aux bords des ongles : cela limite les débordements, et améliore la tenue du vernis (car il ne risque pas de se ‘décoller’ en partant de la peau). Deuxio, elle applique des couches très fines : ainsi, elle economise les produits, mais obtient également un fini impeccable et un séchage accéléré. Tertio, une fois arrivée au bout de l’ongle, elle ‘scelle’ le produit à l’aide de petits mouvements horizontaux, ce qui rend le fini plus soigné et les accros au bout des ongles moins frequents (je crois que ça s’appelle « capping » en Anglais – s’il y a des nailistas qui veulent bien confirmer…).
Un petit coup de spray ‘séchage rapide’ et on m’envoie m’asseoir a un petit comptoir ou sont alignées des machines soufflantes. Il y en a aussi sur le sol pour les pédicures. Je passe le temps en découvrant sur l’écran de télévision LCD, effarée, que tous les Britanniques n’écoutent pas que du rock ou de la bonne pop (bah oui j’avais le droit de rêver avant de déménager outre-Manche, non ?), ou en feuilletant d’un geste maladroit les magazines ‘people’ sur la table – c’était mon premier contact avec le côté ‘trash’ de la ‘culture’ britannique, j’en suis encore émue.
Je suis depuis revenue souvent chez USA Nails, pour des manucures ainsi que des pédicures ; j’y ai même emmené ma meilleure amie malgré ses réticences à l’usage des limes à ongles (oui oui, vous avez bien lu !). J’ai depuis déménagé dans un autre quartier, à Angel, où j’ai découvert avec bonheur une rue piétonne accueillant un marché quotidien et… une floppée de salons de ce genre ! J’ai jeté mon dévolu sur le bien nommé ‘Modern Touch’, où j’ai testé la manucure Shellac de C’N’D pour la premiere fois, pour la modique somme de £25 – et ce salon offre en prime une carte fidélité donnant droit a 30% de réduction sur la 6ème prestation. J’ai fait deux manucures Shellac avant des départs en vacances (10 jours puis 15 jours) et ai été super contente, tout comme de mes manucures et pédicures. J’ai également fait des ‘file & paint’ (limage et couleur) pour seulement £5, parfait avant d’aller à un rendez-vous, pour celles qui ont un budget ou un timing serré. Je leur ai du coup envoyé deux collègues de travail et deux copines, elles aussi sont ravies.
Alors bien sûr, vous me demanderez : mais comment font ces salons pour payer leurs employés ? Vu comme ces salons fleurissent un peu partout dans le pays (selon le Financial Times, le nombre de salons de manucure a augmenté de 16,8% au Royaume Uni depuis 2008) et ne désemplissent pas, je ne me ferais pas trop de souci pour eux. Et je pense que les ‘file & paint’ ainsi que les manucures/pédicures basiques constituent des services ‘d’appel’ (= destinés à attirer le client par le prix) comme on dit en marketing, et que le salon se fait des marges plus confortables sur des services plus complexes, comme les ongles en gel et le nail art, de plus en plus populaires au Royaume-Uni, ainsi que sur la revente de produits et accessoires…
Je ne connais pas de site qui répertorie les salons de ce genre, et la plupart de ces établissements n’ont pas de site Internet (et attention : ils n’acceptent généralement que le paiement en espèces). Je vous conseille tout simplement de regarder autour de vous, dès lors que vous n’êtes pas dans un quartier ou une rue ultra chic et touristique du genre Bond street ou Oxford circus. Mais dès que vous sortez un peu de ces endroits, vous croiserez de nombreux salons : par exemple, je travaille actuellement à Notting Hill, mais pas dans le coin ultra-touristique de ce célèbre quartier, et une collègue de travail m’a informée qu’il y en avait un dans le centre commercial Whiteleys, tout près du bureau – elle m’a assurée être ravie de la qualité et y retourne régulièrement à sa pause dejeuner, parfois juste pour un ‘file & paint’.
Je vous donne toutefois cette adresse, ainsi que les deux que j’ai testées – si vous (je pense notamment a mes lectrices expat’) en connaissez d’autres, n’hésitez pas à me les indiquer en commentaires afin que je les ajoute a la liste !
- USA Nails : 2, Armadale road – SW6 1JP (Metro Fulham Broadway ou West Kensington)
- Modern Touch : 22, White Conduit street – N1 9HA (Metro Angel)
- Centre commercial Whiteleys : Queensway – W2 4YN (Metro Royal Oak ou Bayswater)
Et vous, allez-vous parfois dans ce genre de salons? Aimeriez-vous en trouver en bas de chez vous? Tenez-nous au courant ici si vous testez des petits salons londoniens lors de votre prochain séjour outre-Manche!